outremer et carmin



Comment réaliser d'heureux mélanges de couleurs sur la palette (et sur la toile!) :

1/à partir de 2 couleurs primaires aussi pures que possible:
-violets et parme obtenus à partir du rouge carmin et de certains bleus, notamment du bleu outremer qui tire déjà sur le violet auquels on peut ajouter éventuellement du blanc (selon la palette ci-dessus).

-verts obtenus à partir de jaunes citron ou jaune de cadmium clair et des monopigmentaires:
notamment le bleu outremer, le bleu de cobalt, le bleu de céruleum, le bleu de prusse et le bleu turquoise  qui tire déjà légèrement sur le vert. Comparer les nuances de vert ainsi obtenues.

-gris-verts turquoise chers à Corot à partir de bleu turquoise et de terre d'ombre brulée auquels on ajoute du blanc en quantité variable

-rose muraille ou rose chair à partir de jaune de Naples et d'une pointe de carmin

-oranges lumineux  à partir du jaune et du rouge de cadmium de même nature chimique (sulfures de cadmium)
-ocres orangés à partir des ocres jaune et rouge de même nature chimique (oxydes de fer)l

-ombres chaudes avec la terre d'ombre brulée et le rouge carmin

2/à partir d'une couleur primaire et de sa complémentaire:
afin de foncer (rabattre) cette couleur, notamment pour créer ombres et modelés, on obtient ainsi des couleurs brunes ou grises plus ou moins chaudes:
par exemple le rouge sera rabattu par le vert, le bleu par l'orangé, le jaune par le violet, mais c'est assez riqué car ces mélanges contiennent alors les 3 couleurs primaires en proportions variables et conduisent finalement à des couleurs ternes puis au noir total selon les règles de la synthèse soustractive.

3/à partir de 2 couleurs complémentaires:
c'est aussi assez risqué! En effet ces mélanges contiennent également les 3 couleurs primaires en proportions variables et ils conduisent souvent à des couleurs sales et ternes puis au noir total, selon les règles de la synthèse soustractive.
mais on peut essayer les mélanges suivants:
-terre verte à partir d'orange et de bleu de prusse
-vert olivier à partir de bleu turquoise et jaune orangé

4/à partir du  gris de Payne qui contient déjà un peu de bleu outremer, on peut foncer les ombres froides en mélange avec les bleus outremer, de prusse, et les ocres et les terres de sienne ou d'ombre brulées.


Voici encore quelques conseils utiles:
-S'assurer de la qualité et de la reproductibilité des couleurs utilisées . En effet les couleurs bon marché sont souvent trés chargées en épaississant (charges) et pauvres en pigment. Préférer toujours les pigments minéraux plus stables à la lumière et dans le temps que les pigments organiques.
-Noter sur un carnet les couleurs utilisées pour le tableau, comme le faisaient (ou le font toujours) les grands peintres. Ainsi Auguste Renoir dans son tableau intitulé " La Seine à Asnières" peint en 1879, a noté et utilisé pour :
-les eaux de la Seine: les bleus de cobalt, bleu de prusse et bleu d'outremer
-le vert des joncs: un vert de chrome
-la barque: un jaune d'or de chrome et un rouge de garance
-Se méfier des effets chimiques:
il faut savoir que tout pigment à base de soufre, ou sulfures (jaune et rouges de cadmium par exemple) risque de ternir ou de noircir en présence de plomb. Eviter donc absolument tout pigment à base de plomb sur votre palette.
certains oxydes ou sels métalliques (des métaux dits de transition) sont de couleur différente selon leur degré d'oxydation : par exemple les sels ferreux sont verdâtres alors que les sels ferriques sont bruns orangés! Un pigment fortement oxydant comme le permanganate ou le bichromate risque donc d'en modifier la couleur.
c'est justement le role des indicateurs colorés de changer de couleur en fonction du pH du milieu: par exemple l'hélianthine qui vire du jaune au rouge ou la phénolphtaléine du mauve à l'incolore en milieu acide.  cette remarque est surtout valable pour les peintures à l'eau (gouaches et aquarelles) , car en ce qui concerne les peintures à l'huile, il est nécessaire que l'huile de liant soit légèrement acide pour justement réagir et "se lier" chimiquement avec le pigment.

Synthèse additive ou soustractive?
En synthèse soustractive, utilisée en peinture, le noir résulte du mélange des trois couleurs primaires du spectre lumineux , rouge, jaune et bleu/cyan. Une couleur primaire mélangée en parties égales avec sa complémentaire, vire donc progressivement au gris ou au brun, au brun noirâtre, voire au noir. A moins de rechercher volontairement toutes les nuances de gris et de bruns (art trés difficile que la maîtrise des gris!), éviter de mélanger donc:  rouges et verts, jaunes et violets, bleus et oranges en proportions égales car ces mélanges vireront peu ou prou au même noir.

Conclusion:  Les décorateurs et les coloristes connaissent parfaitement les harmonies visuelles des couleurs.
Johannes Itten a d'ailleurs trés bien expliqué ces correspondances dans son traité " Art de la Couleur" en s'appuyant sur la synthèse additive des couleurs où le mélange des 3 primaires génère la lumière blanche.

Laissons cependant à chacun  le choix de ses couleurs, a fortiori à chaque artiste, car c'est aussi toute son originalité. Mais attachez vous à savoir reproduire les mélanges, les nuances que vous appréciez et les effets picturaux qui vous sont propres. Celà fait partie de votre signature. Même avec beaucoup de métier, ce n'est pas si facile sans un peu de méthode!

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